Le soleil ne se lève plus,
la nuit s'est installée sur notre univers.
Les enfants errent dans les décombres, se disputant les restes.
Toutes les mains se cherchent,
Des rondes se font et se défont accompagnées
de murmures de chansons enfantines d'antan
Tous ces enfants autour d'elle n'étaient pas ses enfants
Elle était comme un aimant
Ils se blotissaient près d'elle comme des poussins
Pour ces orphelins, elle était l'espoir d'un lendemain possible
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Qu'est-ce que tu fais ?
Je creuse, j'ai vu une petite lumière
Alors ?
Rien ! Un morceau de miroir, c'était mon œil...
Tu creusais la lumière de tes yeux
Les larmes coulent de ces yeux qui ne voient plus.
La peur, le désespoir,
les ont rendus fous, déboussolés.
Et
quand les voix s'éteignent
les ténèbres saisissent toutes ces âmes perdues.
Elle retrouva le recoin à l'odeur
Celle de la vieille femme emportée par la faim
Elle guettait le retour de son amour, le seul fil ténu de vie
Il se traînait mais arrivait toujours à elle
Tu as mis le temps
On a enterré Joe
Qui va faire les prières maintenant ?
Le petit Samuel, le seul qui voit et lit le Grand Livre
Le Mal s'était donné un pouvoir
parce qu'on lui a laissé la porte ouverte
Parce que certains, perdus, l'ont réclamé.
Les filles, en haillons, pieds nus, dans une gestuelle amoureuse,
tournaient jusqu'à tomber comme feuilles mortes.
Le temps s'est arrêté et ils ont perdu les clés
Trois jours qu'on ne mange pas
On sent les nuages si bas et les sons si sourds
La Punition renonce à la sélection, tous périront
Je veux qu'on se marie avant
J'ai trouvé un anneau dans le sable
Il nous faut des témoins
Il y a Sarah et Josué
Ils ont accepté de partir avec notre souvenir
Sans comprendre pourquoi
tous ceux qui trouvaient des graines se mirent à creuser pour les enfouir
au plus profond, mouillées de leurs larmes.
Un silence total
quand surgirent de terre de petits points luimineux grandissant sans cesse.
La lumière envahissait la ville.
La source reprenait vie et remplissait le grand bassin
Ils se jetèrent dans cette eau pure et froide
Se serrant l'un contre l'autre éperdument
Le cœur battait de nouveau, le rire jaillissait
Retiens l'image des enfants
Notre demain ne peut être le néant
Celui qui a décidé la Purification
Nous emmènera vers des cieux de calme et de repos
Le nouveau monde naissait.
Un air pur les rendait ivres
tous s'embrassaient, se disaient adieu.
Les bébés étaient abandonnés par leurs parents mourants.
Chaque mère meurtrie
déposait son enfant près d'une nouvelle plante lumineuse.
Dans cette nouvelle ère la lumière était nourriture.