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18 mars 2016 5 18 /03 /mars /2016 15:35

Je m'ennuie au Paradis

je n'ai plus faim

et l'appétit me manque

je ne souffre plus d'El ise

et son absence me rend pierre

gisant sur une plage abandonnée

Je m'ennuie au Paradis

je n'ai plus de nouvelles de mes amis

on avait mélangé notre sang

jalousé nos conquêtes

affirmé nos intelligences

mais nos liens étaient soudés

Je m'ennuie au Paradis

j'aimais mes petites jouissances

à voir tomber les tordus

et à l'occasion j'affirmais mes convictions

et donner du mépris à ceux qui se nourrissent

du bien et de la bêtise des petits

Je m'ennuie au Paradis

je me souviens m'être perdu en forêt

avoir fait du feu avec rien

bu de l'eau boueuse d'une petite source

seul entre ciel et terre

la vie quoi !

Je m'ennuie au Paradis

oui, bien sûr, la famille, les enfants

les angoisses dans leurs retards

les blessures qu'on voudrait à soi plus qu'à eux

et les rires et les pleurs

que font-ils sans moi ?

Je m'ennuie au Paradis.

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18 mars 2016 5 18 /03 /mars /2016 15:34

Il est parti

il va falloir décider seule

prendre une route et trouver son pain

les souvenirs n'ont pas de corps

le corps n'a pas de raison

Le rire de Ruben

quand ils n'arrivaient pas à dormir

leurs bagarres en pyjama

ils se faisaient mal parce qu'ils s'aimaient

où es-tu mon frère ?

Les nuages qui l'accompagnent ont des visages

déchirants

les larmes salées mêlées au sable

ajoutent au trouble

la bâche du camion baissée sur ses parents

Le dernier regard de sa maîtresse d'école

quand ils sont venus l'arrêter

ils nous ont atteint dans nos croyances

tous ces moments d'émotion, de partage du savoir

quand elle nous récitait les poèmes qui disaient l'amour

Et Toi, dans le ciel, que me dis-Tu ?

Mon père, tous les jours, t'a confié sa famille

il nous a appris les gestes, les mots de dévotion

maman ne manquait jamais son pain natté

on a soufflé sur la bougie, on a éteint ma famille

Mon sang est-il toujours rouge

ai-je encore une voix, un corps, une âme ?

Je veux continuer pour eux

témoigner et dire

que le rire de mon frère a existé

Oui, je ne suis pas transparente

j'inventerai un chemin, une maison

tombe la pluie, brûle le soleil, crie le corps

j'attends

je sais qu'il viendra

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18 mars 2016 5 18 /03 /mars /2016 15:34

Ali, seul

au milieu de la mort des siens

partagé entre la douleur et la fierté

ils ont bu et ont été pris par le ciel

pas lui

Esther décide de le prendre près d'elle

personne ne savait demain, tous étaient dévastés

elle et l'enfant quittèrent le train et entreprirent le désert

ils n'avaient rien

mais un lien mystérieux les liait

Comme deux fugitifs

ils partageaient leur histoire

se parlaient pas mais se comprenaient

il cachait son poignard sous sa chemise

elle ne quittait pas les cendres de son passé

Il savait le prochain puits

le désert nettoyait les souvenirs

elle ne voulait plus rien

il voulait tout

un sentiment de dépendance l'un envers l'autre

La nuit, le froid les rapprocha

elle revivait son jeune frère au piano

les larmes de sa mère pensant à ses sœurs

le silence de son père

et elle, la rescapée, la presque morte

Ali voulait appeler son père

pousser un cri dans le désert, sa maison

se rappelait le jour du tête à tête avec un serpent

les acclamations de tous quand il revint avec son trophée

on lui remit son poignard

Il savait trouver de quoi manger

elle était maladroite pour montrer sa reconnaissance

le goût des choses lui revenait

se peut-il qu'elle retrouve sa raison

cette enfant sauvage bouleversait son univers

Il se demandait ce qu'il faisait avec cette folle ?

Elle ne comprenait rien au désert sans lui

leurs deux corps liés contre le froid de la nuit

trouble

cette communion les étonnait tous les deux

Deux êtres humains couverts par un ciel étoilé.

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2 mars 2016 3 02 /03 /mars /2016 19:05

Il ne me reste d'elle que l'ombre de sa souffrance

et sa trace qui dérange mon esprit

je l'avais mise blottie au fond du wagon

toujours ce monstrueux train

qui envahit nos nuits et brise nos jours

elle ne dit pas, elle vous regarde

Quand la fin impose l'économie des mots

mais ne peut retenir le flot d'images

tumulte de souvenirs d'enfants heureux

de la joie de grandir dans la richesse d'apprendre

de l'émotion de cette caresse précieuse

de son papa, de sa maman

Après l'école, sur le chemin, l'ennemi

la neige sale, les regards de haine

comment comprendre la peur qui accuse

l'ami d'hier qui fuit et s'habille de honte

on lui en veut à elle qui l'aimait sans calcul

le cri se perd dans ce trou noir de douleur

Elle ne dit plus, elle écrit

pour un inconnu, pour un frère

le wagon résonne de murmures, de prières

ses lèvres tremblent, il y avait ce baiser

il remplit une vie, dernier soleil

dernière lumière dans ce regard perdu

Que peut-on lui prendre, lui voler

personne ne peut avoir accès à ses trésors

vêtue de peu, de presque rien

elle suscite pitié et rancoeur

par un sourire navré de n'être plus

Soudain l'orage, la mer de sable devient mer d'eau

évacuée de son wagon et jetée sur un radeau

elle se sent plus forte que les éclairs

où es-tu promesse…

le tonnerre ne remplira pas le silence du coeur

Oui, c'est moi qui suit perdu

des innocents ont payé pour être nés

dans un pli du temps

la neige sale de sang et de malheurs

va fondre et les traces resteront dans sa mémoire

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7 février 2016 7 07 /02 /février /2016 12:30

Le cavalier et l'enfant ont aperçu le train immobile

l'eau

ils ont aussi vu le danger

La nuit libère ses dangereux fantômes bleus

un mouton sera sacrifié

et sur leurs fronts une croix de sang

Les hommes du désert invoquent les étoiles

sur terre comme dans le Ciel

nul ne décide du temps de vie ou de mort

Le vieux père des hommes bleus pleure

le feu a parlé d'une nuit funeste

il est dit qu'une étoile est descendue sur terre

L'enfant regarde l'homme avec gravité

il sait que l'eau du puits est empoisonné

le thé qu'ils boivent sera le dernier

Au matin, tous les agresseurs ont perdu la vie

le cavalier leur dit que le désert est une épreuve

sans eau

La jeune fille et l'enfant se regardent

la vie et la mort se mesurent en silence

le ciel s'assombrit et tous courbent la tête

Dans la nuit l'enfant est parti seul

pour un mystérieux rendez-vous

avec ses parents qui viennent de l'au-delà

La jeune fille s'est réveillée paralysée

tous s'interrogeaient sur la réalité

ils n'étaient pas morts mais où est la vie

Et puis il est revenu accompagné de deux lions

le vieux eut ce sourire de l'expérience

il savait que le bien ou le mal n'avaient pas cours

Cette nuit-là, ils firent d'étranges et bouleversants rêves

tous furent visités par des parents morts

qui les ramenaient au temps où tout allait

Le vieux et l'enfant firent leur partie d'échec

le fou noir mangea la reine blanche

le cheval blanc n'a pas pu sauver le roi

Le jour est en échec et mat !

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1 février 2016 1 01 /02 /février /2016 16:41

Le train fonçait à toute allure

sur des rails rouillés et pourris

semant la terreur de tout ce qui vit encore

au fond du wagon deux jeunes s'embrassaient

ils étaient dans cet ailleurs bleu azur

où la petite morale s'est dégrafée

chapeau baissé un tueur prenait son temps

mort parmi les morts

chacun est à son affaire

et tranquillement sans que personne ne bouge

la jeune fille repousse le garçon

comme l'abeille quittant son miel

portant sa main dans son chemisier et délivrant un revolver

elle tire à bout portant sur le tueur

son ami pleure sa bouche collé à ses petits seins

le petit vieux se répétait sa mémoire déchirée

wagon de bétail humain

sans espoir sans espoir sans espoir

la peur a armé les bourreaux

le pouvoir s'abat comme une hache sur l'agneau

la bêtise habite le néant

le train s'arrête en plein désert faute de rails

le grain de sable devenant roc

le soleil a bu toute l'eau

le Ciel est absent pour les innocents

les yeux bleus versent leurs larmes

la raison s'est brûlé les ailes

les hommes bleus dégustent leur thé autour du feu

le plus jeune ramasse bijoux et billets

reflets de la peur sur les poignards

c'est la fin du voyage

le désert

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10 janvier 2016 7 10 /01 /janvier /2016 18:36

Oko, le singe dominant, profitait d'un moment de solitude, de répit. Assis au plus haut de son arbre – que personne n'oserait lui contester – il se laissait aller à une douce somnolence loin des jacasseries des femelles et de leurs épouillages intempestifs. Pas de problèmes avec sa troupe, pas besoin d'affirmer sa domination et enfin pas de problème d'intendance.

C'est alors qu'un bruit assourdissant le fit sursauter. En bas, dans la clairière, autour d'un feu, des humains chantaient accompagnés de musique. Ils paraissaient jeunes, habillés de couleurs, les filles avec des fleurs dans les cheveux, les garçons torse nu. Ils buvaient et se chamaillaient comme il nous arrive souvent. Cette fête dura jusqu'à l'aube.

Oko se demandait pourquoi sa troupe ne vivrait pas ce délire comme ces humains. En fait, il était jaloux de cet apparent bonheur. Une idée trottait dans sa tête qui finissait par un pourquoi pas ? Revenu parmi les siens, il convoqua Equi, son second et adversaire qui attend son heure, à qui il confia son projet.

Voilà, nous allons faire un grande fête des singes, un happening diraient les humains. Ce soir-là je vais laisser les jeunes se donner à leurs gourmandises, une liberté totale… Ce sera la fête du sexe et de l'amour. Je nous trouve tristes, somnolents quand on ne se défoule pas en disputes mesquines. Equi, interloqué, acquiesça. Annonce la nouvelle !

Tous accueillirent avec étonnement et jubilation. Les jeunes mâles n'en revenaient pas, eux qui sont les plus frustrés ; quoi ce qui était leur rêve, ce déchirant manque, tout ça serait aboli pour un rassemblement où tout est permis… Equi organisait. Il demanda à Toko, dit le voleur, de trouver chez l'épicier des boissons et quelques friandises à chaparder comme d'habitude. Deux jeunes, Jiki et Evi, fille de Misa, la femelle dominante, n'en croyaient pas leurs oreilles, ils s'aimaient en cachette et voilà que l'interdit se levait.

L'alcool volé, une liberté inhabituelle, un climat de folie régnait sur les arbres. Finies les jalousies et les frustrations. Isolés, nos deux jeunes amoureux partageaient gauchement ce moment inespéré. C'est à ce moment qu'ils surprirent dans le bosquet voisin une mystérieuse conversation comme une conspiration. Ils reconnurent les voix de Zico, l'ancien dominant et celle de Sina sa compagne de toujours.

Tu te rends compte Sina dans quel merdier nous sommes. Oko insulte l'esprit des anciens. Si nous avons survécu c'est grâce à la rigueur de nos traditions. Les jeunes d'aujourd'hui sont dans le délire et le mot liberté devient tout est permis. Où est le respect ? Hier un jeune con m'a craché à la figure, j'aurais voulu qu'on le pende (suit un moment de silence et Zico reprend).

Une seule solution : je vais aller voir Taco de la tribu voisine pour l'aider à reprendre le conflit et destituer Oko. Une fois le pouvoir repris, un ordre nouveau plus restrictif sera organisé. Les anciens seront nourris les premiers, il n'y aura plus de prisonniers, ils seront mangés, notre territoire sera surveillé avec peine de mort de l'étranger, etc.

Jiki et Evi, entendant ces menaces, tremblaient pour leur avenir. Ils décidèrent d'alerter leurs amis et d'essayer d'étouffer dans l'oeuf cette possible rébellion.

Le matin, parmi tous ces singes qui connurent l'ivresse de la folle nuit, on trouva les corps de Zico et Sina qui n'ont pas pu résister à ces libations, question d'âge.

Une nouvelle tribu de Bonobos venait de naître. On dit que le désordre c'est la vie ! La violence c'est la médiocrité de l'ordre.

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9 décembre 2015 3 09 /12 /décembre /2015 21:44

Où vas-tu Basile ?

Je vais chercher Dieu, il me dira pourquoi on a tué mon âne.

Cet animal est innocent, il était comme un frère à qui je confiais toutes mes pensées.

Son regard était amour, alors pourquoi Dieu les as-tu laissés pourrir ma vie?

Je sais que ton langage est mystère et que tu ne parles qu'aux vieux et aux pauvres d'esprit. Alors, faut être idiot pour être reçu ?

Mon Dieu comme je te sens loin de moi...

Mon âne n'est qu'une misérable affaire à côté des infamies quotidiennes qui se déroulent dans le monde.

Au fait, pourquoi tu n'interviens pas ?

Je vois toutes ces étoiles briller à tes pieds à me faire rêver tous les soirs. Juste une fois demande à l'une d'elles de dire...

(...)

Je vais par des sentiers vierges de toute trace humaine. J'ai l'impression d'être aux confins de la terre. Ivresse et angoisse.

Rien ne remue comme si on se promenait dans une carte postale.

Suis-je passé de l'autre côté ? Je ne sens pas mon cœur battre et je n'ai aucune peur, aucune sensation d'existence.

(...)

Les voilà !

Même pas étonné d'être sur mon âne à contempler du sommet de la montagne cette longue file d'hommes, femmes, enfants. Ils marchent en silence.

Elle est là, je la vois. Mon Dieu aidez-moi. J'aimerais tant qu'un son de ma voix lui parvienne. Elle est toujours dans sa jeunesse et sa beauté.

Mon cœur s'est remis à battre. Je revois le jour où elle m'a quitté, le cimetière, la neige et son beau regard absent.

Nous volons ! Au-dessus de la plaine, des lacs, d'une rivière immobile ; au-dessus de la longue file humaine. Je la vois, elle me voit sur mon âne.

Une voix intérieure me dit que c'est l'amour qui m'a ouvert la porte de cet autre monde. Elle me parle : « Je suis heureuse de te voir. Ne t'inquiète pas pour nous. Tu appartiens encore à la Terre. Va, fais fleurir ton jardin, pousser tes plantes, nourrir tes bêtes. Pense à nous et prend ton temps, je serai encore dans tes rêves ».

(...)

Je me réveille. Mon âne, bien vivant, me regarde. Il semble dire qu'est-ce que t'attend ?

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9 décembre 2015 3 09 /12 /décembre /2015 21:44

Je traîne son absence

au milieu des feuilles mortes

elle manque à mes sens

plus d'espoir qui me porte

Je regrette j'ai fais le fier

me croyant capable d'être sans elle

et maintenant c'est l'hiver

le rappel que je suis mortel

Malgré les atteintes

elle portait un défi au temps

d'azur elle s'était peinte

point de robe pour autant

Au vagabond tu tends la main

toujours partager ce précieux petit rien

donner une joie sans lendemain

celle qui lui dira enfin « Viens ! »

Je cherche si tu as laissé une trace

pour me rouler dessus comme un chat

m'en fous si encore je perds la face

exit ma fierté et pas de rachat

Petite tu dormais déjà avec moi

tu étais cachée dans un cahier

c'était le devoir et l'émoi

sorti de la page j'étais à chier

De ma main folle tu es née

d'une tête en délire tu as vu le jour

tu es éphémère et condamnée

à l'ultime fusion de l'impossible amour

Je sais, je sais, je suis enfant

je ne grandis pas, je demeure

celui qui n'est pas de son temps

et sans ce théâtre intime je meurs

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9 décembre 2015 3 09 /12 /décembre /2015 21:43

J'ai peur de te perdre, de te suivre

tu es la source de mes rêves et aussi ma prison

tu es l'infini et tu es l'intime

je t'habille ou te déshabille de mes pires obsessions

tu ne me fais pas de cadeau

parce que je ne m'aime pas toujours

tu n'hésites pas à me tromper

pour te venger de mes errances

de parler de ta jeunesse heureuse

du temps béni de l'émotion et de l'amour

j'ai essayé en vain de me cacher derrière ton nom

me servir de ton âme, de ton corps

pour assouvir mes vices et mes besoins

me pardonneras-tu Lily ma couardise

ton image créée par un esprit tordu

ton image me hante

je suis à genou, battu par mon besoin de toi

je sais que tu es prête à partir

parce qu'on a usé tes refus, tes espoirs

parce que tu en as assez d'être désirée, abusée

marre de servir d'exutoire à tous ces malades

qui en ont après tes appâts

oui, c'est assez !

Devenez adultes, les causes ne manquent pas

oui, mais peux pas, peux pas...

Lily, Lily..

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